Archipel du tiki

D'HIER A AUJOURD'HUI

HANAHI DE KIIMAIHA

ua tuki e' , ua a to oe mana e'! oai ate fiti maye', te tii tohi o te matua oti?
te vehiné potu te fiti iti maiye',te tii ohi o te matua oti! oiho to periri!




Le premier but du tatouage était et est encore la beauté de cette parure. Adieux a enfance aux prix de vives douleurs, jeunes gens jeunes filles optait pour cette marque de passage de la puberté. Le tatouage augmentait leur assurance naissante et leur valait admiration du sexe opposé.
La diversités des tatouages variait selon leurs origines...ils existaient des marques commémorant la mémoire d'évenement ou des signes réflétant une position sociale. Pour la majorité il le portait pour de simples questions esthétiques et son attrait sexuel.

A époque missionnaire, tout était interdit. Danse Tradition Tatouage.
Arrivés vers les années 1980 c'est la renaissance du tatouage en Polynésie et de plus en plus il prend de ampleur, avec en autre 

Roonui Chimé Purotu qui on fait connaitre dans leurs îles et aussi dans les pays du monde entier, leur savoir leur art, transmit par leur ancêtres et les écrits des navigateurs.

Le tatouage polynésien force magique- protecteur-ou artistique il est expression du désir de s'embellir.

L'entretien La Dépêche ,Mercredi 27 avril 2011

QUEL A ETAI TON PARCOURS ?

Je suis née aux Tuamotu, issu d'une famille modeste, et je suis devenu orphelin de ma maman
à l'âge de 7 ans. J'étais plutôt replié sur moi-même. Je me suisretrouvé à errer dans les rues
de Papeete, et à me débrouiller pour trouver à manger. Plus les années passaient, plus le tattoo
devenait ma monnaie d'échange. Je dessinais de tout, des dessins “old school”, des têtes de mort,
des dragons.... et puis, je me suis intéressé à notre culture. Cela remonte à 35 ans. Je n'ai
jamais arrêté de m'y intéresser, depuis. Je suis devenu tatoueur traditionnel, avec les années.
J'ai eu plusieurs studios de tatouage, dont un à Moorea. Maintenant, je suis installé à
Montréal, au Québec chez mon épouse Lynda

On a ouvert un studio au centre du village du Vieux Longueuil. Cela fait trois ans maintenant.

À quel âge as-tu fait ton premier tattoo ?
Je me rappelle encore ; j'avais 9 ou 10 ans. J'avais un copain de quartier plus âgé que moi.
On l'appelait Taro ou Aro. Il faisait du tatouage à l'arraché, à l'époque (bâton d'allumette,
encre de Chine, aiguille à coudre et stylo bic) pour dessiner sur la peau. Cela m'a donné envie
d'essayer. C'était une tête de diable sur mon pied. La raison ? Ben, je suis un diable du tattoo !
Car je donne envie de se faire tatouer et de devenir tatoueur, pour certains.
Tu as beaucoup voyagé avec ton art ?
C'est un art qui grandit à travers tous ces voyages. Oui, j'ai voyagé avec le tatouage. Je dirais
plutôt que c'est le tatouage qui me fait voyager, ce n'est pas moi
qui voyage. Moi, je suis le tatau. Il m'emporte là où je dois le promouvoir.
Letattoo parle de mon peuple, de nos îles, de nos croyances. Je parle, à travers
mes dessins, de la généalogie de l'histoire, des traditions, de tout ce qui est ancestral, pour
que l'histoire reste imprimée pour les générations futures. J'ai voyagé sur tous les continents
ou presque, et certains pays m'ont marqué plus que d'autres, comme le Japon, la Nouvelle-
Zélande... La rencontre du maître Paolo Suluape, ici, à Papeete, chez Tavana Salmon, a
été un grand moment pour le réveil de nos outils. Les États- Unis, grand continent du
tatouage, aussi m'ont marqué, pour l'excentricité des corps entiers colorés de style old school.
Nous participons à 4 à 7 conventions à travers le monde. En Suisse, ils ont sculptémon corps
pour en faire un trophée pour la convention. Oui, on peut dire que le tatouage polynésien voyage
bien.

Tu as exercé longtemps dans ton propre shop à Moorea. Quels souvenirs en gardes-tu ? C'était
l'âge d'or, selon toi ?

Ce shop était prospère mais, pour moi, c'était plutôt l'âge de
l'apprentissage, comme un passage obligé. C'était le tattoo pour touristes, le tattoo souvenir. Ce
n'est pas ce que je recherchais. J'aurais voulu réveiller plus ma culture. Je ne crache pas dessus,
mais cela a été ma prise de conscience. On a fait six ans, puis le Club Med a fermé. J'étais
prêt à sauter le pas ; Moorea devenait trop petit.

Comme une fin pour toi ?
C'était ni le début ni la fin mais
le commencement. Le début est ailleurs, et la fin, on ne la connaît pas. Je suis venuàMoorea pour
sa richesse, ses marae, ses légendes. Je me sentais bien p o u r c r é e r . Cette joie m'a donné une direction.
J'y suis resté 16 ans. Le paradoxe est que cela m'a préparé à partir un an après la fermeture du Club. On a fermé le
studio, puis on a ouvert une annexe devant le Beachcomber. En 2006, on a vendu la maison, le shop, et on est parti au Canada,
avec ma femme et mon dernier fils. Un grand changement et un gros challenge sur mes épaules. Une nouvelle étape commençait.

Pourquoi cette destination ?

Le Canada, par rapport à ma femme Lynda, qui est originaire du Québec. Elle m'assiste depuis
15 ans dans mon art. La raison de notre départ a été en partie due à cause de la baisse du tourisme et la politique instable au
fenua. Mais aussi, comme nous venions, depuis plusieurs années, de faire la convention de Montréal, j'avais déjà une clientèle
qui m'attendait, et qui me laissait carte blanche. Faire connaître mon tatouage auQuébec était une grande porte à franchir pour
tout ce que j'ai voulu toujours faire, c'est-à-dire du tatouage aux motifs traditionnels.

Qu'est-ce qui te plaît dans ce
pays ? Que te manque-t-il du fenua ?


Ce qui me plaît au Québec, c'est que je peux être partout. Cela me permet de choisir les conventions que j'ai envie de faire. Je
tatoue aussi des gens décidés, qui savent ce qu'ils veulent. Ils n'arrivent pas par hasard. Ils font leurs recherches. Ils arrivent
au studio et, en cinq minutes, le rendez-vous est pris. Des grandes pièces, des jambes entières, des dos, cela n'arrête
pas ! Les Québécois sont accueillants, simples, gentils. Ils nous ressemblent un peu, et ils ont un langage et un accent bien à
eux.

Ce qu'il me manque du fenua ?
Le pays, sa vie, sa lenteur, sa chaleur, le surf, le lagon, la pêche, la langue, les Polynésiens, le ma'a tahiti… En fait tout me
manque (rires) !

Comment marche le business au Canada ? Le tatau est-il toujours aussi apprécié ?

Le cinquième studio Tahiti Tattoo marche super bien. On est passé dans un local plus grand qu'auparavant.
Lecarnet de r e n d e z - vous est plein plusi e u r smois àl'avance. Avant mon arrivée, letatouage polynésien n'était pas
connu, il y avait beaucoup de tribal. Les gens ont vite aimé mon tatouage, son esthétique, son symbolisme. Oui, il est apprécié
et respecté, mon bagage culturel et mon expérience étant des atouts majeurs.

Si je te dis : le tatouage polynésien est la partie la plus vivante aujourd'hui de la culture maohi.
Vrai ou faux ?

C'est vrai et c'est faux. Le tatouage fait partie de la culture. Il ne peut en être dissocié. L'un sans l'autre serait incomplet, comme
le chant, la danse, la navigation… Il est le gardien des valeurs polynésiennes, mais le plus vivant, dans la culture, c'est le Polynésien,
et le Maohi change et fait évoluer la culture. Il faut juste ne pas en perdre les fondements car n'oublions pas que les habitants
de Tahiti étaient les plus adroits, les plus avancés en civilisation. Les efforts des missionnaires à détruire l'idolâtrie
a réussi. Le mot tabou a fait son apparition sous le manteau de la religion, et imposait ignorance et crédulité. Les Tahitiens
n'avaient aucune écriture. Mais la mémoire des hommes a été véhiculée jusqu'à nous, ainsi que les vieux chants, les pétroglyphes
et les corps piqués de tatouage.

Tu fais la promotion du fenua quand tu tatoues ? Tes clients te posent-ils des questions ?

Je suis une forme d'ambassadeur. Je parle toujours du fenua, je le chante, je le grave sur les peaux. C'est mon souffle de vie,
et j'en fais la promotion. Les gens nous posent beaucoup de questions. Ils sont curieux. Ils ont un intérêt pour la culture,
le pays. Il nous arrive de sortir nos dépliants, et même par Internet, on donne des liens sur le fenua. Certains connaissent déjà,
d'autres font leur tatouage avec moi comme un passeport. On sert d'agent promotionnel sans salaire. Avis au GIE Tourisme,
qui pourrait s'intéresser à nous car nous pourrions faire davantage.

Que dirais-tu, par exemple, à un jeune Polynésien qui a envie de se lancer dans le tatau ?

Fait-le ! Mais demande-toi si tu veux le faire, si tu veux bien le faire. Il te faut beaucoup de professionnalisme par respect à
l'art, et aussi pour le client qui se fait habiller le corps. C'est sérieux, le tatouage. Il faut le respecter, et le faire évoluer en
étant honnête avec lui, avec soi. Des étapes sont à franchir. Un stage chez un tatoueur professionnel te donnera une bonne
base et une conduite à adopter. Une formation à l'hygiène est indispensable. Plus tu dessineras, plus tes tatouages seront précis.

Propos recueillis de Lynda Mercier et Roonui
par Christophe Cozette

www.roonui-tattoo.com
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